Formation professionnelle : Peut-on quitter son emploi pour se reconvertir ?

Un chiffre brut, rarement mis en avant : chaque année, plus de 50 000 salariés en France quittent volontairement leur emploi pour entamer une formation. Ce choix radical, loin d’être une simple lubie, révèle une réalité bien plus nuancée. La démission n’ouvre pas systématiquement droit à l’assurance chômage. Toutefois, un salarié qui quitte son poste pour entamer une formation peut, sous certaines conditions, bénéficier d’un accompagnement spécifique et conserver ses droits. Ce dispositif, souvent mal identifié, répond à une procédure stricte et requiert l’adhésion à un projet de reconversion validé par une commission spécialisée.Certaines démarches doivent impérativement précéder la rupture du contrat de travail. Un manquement dans l’ordre des étapes prive l’intéressé des aides prévues. Les règles varient selon le statut, l’ancienneté et le type de formation envisagé. Les exceptions et conditions particulières méritent une attention rigoureuse.

Changer de voie : pourquoi envisager une reconversion professionnelle quand on est en poste ?

Changer de métier alors qu’on occupe un CDI, ce n’est jamais une mince affaire. Les raisons de franchir le pas sont diverses. Pour beaucoup, il s’agit de redonner du sens à leur quotidien, ou simplement d’éviter l’érosion lente de leurs compétences. D’autres sont attirés par un secteur en plein essor ou éprouvent le besoin de se réinventer. Les parcours tout tracés s’effacent peu à peu, place aux bifurcations assumées. La formation professionnelle devient alors un tremplin vers de nouveaux horizons. Rien ne vous oblige à attendre d’être usé ou démotivé pour vouloir évoluer. S’engager dans un bilan de compétences, c’est prendre le temps de mesurer ce qui porte encore et ce qui appelle à être transformé. Cet outil permet de clarifier ses forces, ses envies, de faire émerger un projet professionnel solide, quel que soit le secteur initial ou le niveau d’ancienneté.

Voici quelques raisons concrètes qui incitent à se lancer :

  • Anticiper les bouleversements économiques du secteur et éviter l’obsolescence professionnelle
  • Saisir la chance de s’orienter vers un métier porteur ou émergent
  • Répondre à une aspiration profonde de changement, mûrie avec le temps

Dans cette optique de transition, la reconversion professionnelle s’impose comme une démarche lucide et volontaire. Plus question de voir la reconversion comme un plan B : elle devient une construction stratégique. Étudier les perspectives du marché, cibler les compétences recherchées, s’entourer de spécialistes pour avancer sans se tromper, tout cela offre une prise réellement nouvelle sur sa trajectoire.

Quels dispositifs permettent de démissionner pour suivre une formation ?

Rompre un CDI dans le but de se former suppose de bien s’informer sur les différents mécanismes d’accompagnement. Plusieurs dispositifs ouvrent la voie à la démission pour reconversion à condition de présenter un projet solide. Depuis 2019, le dispositif démission-reconversion facilite, sous conditions strictes, la possibilité de quitter son emploi en gardant un accès à l’allocation chômage. Il exige la constitution et la validation d’un projet de transition professionnelle auprès d’un conseiller en évolution professionnelle (CEP). Autre alternative, le projet de transition professionnelle (PTP), qui permet de suivre une formation longue tout en étant rémunéré. L’accord de l’employeur demeure nécessaire, mais le maintien du salaire comme la prise en charge des frais de formation sont de sérieux atouts. Par ailleurs, le compte personnel de formation (CPF) offre l’opportunité de financer une formation qualifiante, qu’on reste salarié ou non. On peut également faire reconnaître son expérience avec une validation des acquis de l’expérience (VAE), ou bien négocier une rupture conventionnelle pour partir avec une indemnité et les droits au chômage.

Petit tour d’horizon des options disponibles pour changer de vie professionnelle :

  • PTP : suivre une formation longue tout en percevant un revenu
  • CPF : mobiliser ses droits acquis pour accéder à une formation certifiante
  • Dispositif démission-reconversion : démissionner tout en gardant l’accès à l’ARE
  • Rupture conventionnelle : organiser un départ négocié avec sécurité financière

Le choix du dispositif à activer dépend avant tout de la nature du projet, de la situation contractuelle et de la formation ciblée. Prendre le temps d’éplucher chaque option, de décortiquer les formalités, c’est s’éviter bien des déconvenues.

Le parcours démission-reconversion : étapes clés et conseils pratiques

Avant toute démission liée à une reconversion professionnelle, il faut se plier au parcours exigé par le dispositif démission-reconversion. Chaque levier doit être actionné dans l’ordre. Le code du travail fixe des étapes à respecter. Première obligation : renforcer la crédibilité du projet de reconversion. Cela passe par un entretien avec un conseiller en évolution professionnelle (CEP). Ce spécialiste évalue le dossier, sa cohérence, ses chances de succès. À l’issue, il délivre une attestation validant le projet. Le chemin se poursuit avec la démission officielle du CDI, sans brûler aucune étape. Une fois la lettre remise, il faut transmettre l’attestation au service compétent sous six mois. À la suite de ce dépôt, la recevabilité et la réalité du projet sont à nouveau examinées, condition incontournable pour percevoir l’allocation chômage (ARE). Vient enfin le temps de planifier la transition : financement, calendrier de formation, démarches administratives, tout mérite d’être anticipé.

Quelques réflexes à adopter qui facilitent le processus :

  • S’appuyer sur le CEP pour déjouer les obstacles éventuels, qu’ils soient financiers ou administratifs
  • Surveiller régulièrement les actualités en lien avec la réglementation du secteur
  • Garder en tête que le bénéfice du dispositif démission-reconversion n’est accordé qu’une fois tous les cinq ans

Se préparer minutieusement, mobiliser les ressources adéquates, ne rien laisser au hasard : ces principes font toute la différence lorsqu’il s’agit de sécuriser le parcours de reconversion.Homme au travail dans son bureau à domicile

Accompagnement, aides et sécurité : comment être soutenu tout au long de sa transition

Changer de métier, quitter un CDI confortable pour un saut vers l’inconnu, cela s’appréhende rarement seul. Le conseiller en évolution professionnelle (CEP) accompagne à chaque instant, aide à clarifier le projet professionnel, cible les dispositifs adaptés et monte des plans de financement concrets. L’entretien avec le CEP, confidentiel et sans frais, sert à explorer toutes les options, valoriser les acquis, construire un dossier cohérent. Mais cet accompagnement ne s’arrête pas là. Activer son CPF, déposer un dossier PTP auprès de Transitions Pro, se voir accorder la prise en charge de ses frais de formation et bénéficier d’une rémunération adaptée sont des étapes décisives. Après avoir mis fin à son contrat, bénéficier de l’allocation chômage assure un filet de sécurité sous conditions. Le rôle du réseau ne doit pas être sous-estimé. Échanger avec d’anciens collègues, recueillir le vécu de ceux qui ont franchi le cap, rejoindre des groupes d’entraide ou des associations axées sur la reconversion, tout cela renforce la confiance, dissipe les doutes. S’appuyer sur un soutien multiple et sur les relais institutionnels, c’est multiplier les chances d’arriver à bon port. Prendre la tangente professionnelle, c’est faire un pari sur soi. Avec méthode, accompagnement et quelques bons relais, la sortie de route initiale devient le point de départ d’une trajectoire repensée. Et si ce virage ouvrait tout simplement le champ des possibles ?