Un chiffre sec, sans fioriture : depuis 2019, la démission pour reconversion ouvre droit à l’assurance chômage sous conditions strictes. La procédure requiert un dossier solide, validé par une commission paritaire interprofessionnelle, et ne tolère aucune improvisation dans le choix de la formation ou du projet professionnel.
La moindre erreur dans la chronologie des démarches peut entraîner la perte de certains droits. Les dispositifs d’accompagnement restent parfois méconnus, malgré un cadre légal pensé pour sécuriser le parcours des salariés en transition.
Changer de cap : pourquoi et comment envisager une reconversion en quittant un CDI
Tourner la page d’un CDI pour se lancer dans une reconversion professionnelle attire chaque année davantage de salariés. Ce choix n’est pas dicté par une mode passagère : c’est la recherche d’un projet aligné sur ses envies, ses valeurs, ou simplement un nouvel équilibre entre métier et vie personnelle. Malgré la sécurité qu’offre un CDI, la réalité du terrain montre qu’il ne suffit pas à garantir un parcours satisfaisant ou cohérent sur le long terme. Les chiffres de la Dares en témoignent : en 2022, plus de 460 000 personnes ont franchi le pas pour changer de vie professionnelle.
Les raisons de ce changement sont multiples. Fatigue accumulée, envie de voir autre chose, perspective d’évolution ou nécessité de s’adapter à un environnement qui bouge sans cesse : il n’existe pas de profil unique. Pour beaucoup, la démission pour reconversion représente une étape structurante, à condition de ne pas avancer à l’aveugle. S’appuyer sur un conseil en évolution professionnelle (CEP) permet de clarifier ses envies, faire le tri dans ses compétences, et bâtir un plan d’action réaliste.
Voici les points à examiner pour démarrer sur de bonnes bases :
- Appuyez-vous sur des preuves concrètes pour démontrer le caractère réel et sérieux du projet : dossier argumenté, enquêtes de terrain, retours d’expérience… tout compte pour appuyer sa démarche.
- Allez à la rencontre de professionnels, échangez avec des personnes du secteur visé, analysez les possibilités et les débouchés réels.
Choisir la démission pour formation ne revient pas à tout quitter sur un coup de tête. C’est l’aboutissement d’un projet de reconversion professionnelle patiemment construit. Prendre le temps de se renseigner sur les dispositifs, comprendre le rôle de la commission paritaire interprofessionnelle régionale, utiliser les ressources de France Travail : chaque étape consolide le projet et limite les risques de faux pas.
Quelles démarches pour démissionner et accéder à une formation en toute sécurité ?
Mettre en route une démission pour formation exige méthode et anticipation. Le dispositif démissionnaire lancé en 2019 offre, sous certaines conditions, la possibilité de quitter une activité salariée en CDI tout en bénéficiant de l’assurance chômage. Mais ce parcours n’est pas une formalité : chaque étape doit être respectée à la lettre.
Avant même d’évoquer votre intention de partir à l’employeur, prenez rendez-vous avec un conseil en évolution professionnelle (CEP). Cet accompagnement gratuit vise à bâtir un projet professionnel solide, cohérent avec la réalité du marché et vos attentes. Sans validation du caractère réel et sérieux du projet par la commission paritaire interprofessionnelle régionale (CPIR), aucune allocation ne sera versée. Préparez un dossier complet, avec des preuves concrètes : devis de formation, enquêtes métiers, projections sur les débouchés, tout doit être documenté.
Les étapes-clés à respecter sont les suivantes :
- Prendre contact avec le CEP avant d’annoncer la démission à l’employeur.
- Constituer un dossier solide et rassembler l’ensemble des justificatifs à destination de la commission paritaire interprofessionnelle régionale.
- Déposer ce dossier sur la plateforme officielle prévue à cet effet.
La démission pour formation ne devient officielle qu’après validation par la CPIR. France Travail (anciennement Pôle emploi) prend ensuite le relais pour instruire le dossier d’allocation chômage. Tout se joue sur la qualité du projet, le respect du calendrier et la précision des démarches. C’est la clé pour bénéficier du droit aux allocations chômage et réussir sa transition vers une nouvelle vie professionnelle.
Financement, droits et aides : tout ce qu’il faut savoir avant de sauter le pas
Avant de quitter un CDI pour suivre une formation, il est indispensable d’étudier les solutions de financement disponibles. Le compte personnel de formation (CPF) reste le principal outil : il permet de mobiliser les droits acquis en tant que salarié pour financer tout ou partie du coût d’une formation professionnelle certifiante ou qualifiante. Le montant dépend de l’ancienneté et du temps de travail effectif.
Pour les projets de reconversion plus ambitieux, d’autres dispositifs peuvent être envisagés. Le projet de transition professionnelle (PTP), anciennement Cif, propose un congé spécifique et la prise en charge du salaire durant la formation, sous réserve d’acceptation du dossier par la commission paritaire interprofessionnelle régionale. Attention : cette démarche nécessite de la préparation et un dépôt de dossier plusieurs mois à l’avance.
Opter pour une démission dans le but de partir en formation ouvre, sous conditions, l’accès à l’allocation de retour à l’emploi (ARE). Le projet doit impérativement recevoir l’aval de la commission paritaire interprofessionnelle régionale. Le montant de l’aide est calculé sur la base des salaires perçus, ce qui apporte une stabilité pendant la période de transition.
Pour compléter le financement, certaines formations reconnues par France compétences peuvent donner droit à des aides supplémentaires. Si la formation a lieu hors temps de travail, c’est au salarié de vérifier l’éligibilité et les délais d’accès. France Travail et les régions proposent parfois des soutiens ponctuels, notamment pour les frais annexes comme le transport ou l’hébergement. Devant la diversité des dispositifs, il est judicieux de comparer les options et d’estimer précisément le budget restant à charge.
Changer de trajectoire professionnelle, ce n’est pas juste tourner la page : c’est écrire la suite avec méthode, lucidité et détermination. Le cadre légal évolue, les dispositifs s’affinent, mais le chemin appartient à ceux qui savent préparer chaque étape. À chacun de tracer la voie qui lui ressemble.